D’où viennent les huiles saintes ?

Paris Notre-Dame du 4 avril 2024

Les huiles saintes bénites ou consacrées lors de la messe chrismale sont de fabrication artisanale. Chaque année, un petit nombre de bénévoles se retrouvent, sous la supervision du cérémoniaire de Notre-Dame, pour remplir plus de 800 fioles d’huile parfumée.

© Marie-Charlotte Noulens

Derrière les portes battantes de la chapelle du péristyle de St- Sulpice (6e), une épaisse odeur d’agrume enveloppe l’atmosphère glacée. Une dizaine de bénévoles s’affairent devant une multitude de fioles dans un joyeux cliquetis. « Depuis l’incendie de Notre-Dame, nous avons dû migrer vers l’église St-Sulpice », lance Jean-Pierre Cartier. Cela fait quasiment vingt ans que le cérémoniaire de Notre-Dame réalise chaque année, avec soin et passion, les trois huiles saintes qui sont au cœur de la messe chrismale. « Les huiles sont renouvelées tous les ans. Les anciennes sont brûlées ou jetées en terre. L’huile pour les malades et les catéchumènes est bénite tandis que le saint chrême est consacré par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Il servira à de nombreux sacrements : les ordinations sacerdotales, les confirmations d’adultes et la consécration du nouvel autel de Notre-Dame, le 8 décembre prochain ! »
En janvier, contre une offrande libre, les paroisses passent commande auprès de Jean-Pierre Cartier qui peut alors évaluer les quantités : « En théorie, l’artisan principal de la confection des huiles est l’évêque mais dans le cas de Paris, il y en aurait trop à faire. Avec l’aide de bénévoles, je les conditionne dans des fioles à l’avance. » Une partie du saint chrême est quand même réalisée par l’archevêque lors de la messe chrismale, de manière symbolique avec un litre d’huile d’olive – la composition de base – et une bouteille d’aromates, prévus à cet effet.
Manipulant avec précaution la valve de l’ampoule à décanter, Gilles, un bénévole, remplit les fioles tandis qu’Albertine, bénévole elle aussi, colle les étiquettes : jaunes pour les malades, blanches pour les catéchumènes et bleues pour le saint chrême. Cette année, pas moins de 830 fioles d’huile sainte et saint chrême sont sorties de cet atelier de fortune, soit vingt-huit litres d’huile soigneusement conditionnés et mis dans de grandes jarres d’argent. « Chaque huile a une essence différente. Bergamote et cédrat pour le saint chrême, géranium pour l’huile des malades et encens pour celle des catéchumènes, explique le cérémoniaire. Je mélange les essences avec de l’huile d’olive, quinze jours avant leur conditionnement, selon une formule précise qui n’est pas un rite en tant que tel, mais inventée par l’ancien archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger. Il a élaboré ces recettes avec le nez et les conseils de la Maison Guerlain ! Depuis cette époque, elles n’ont pas changé. » Parce que ces huiles sont de véritables vecteurs de la grâce sacramentelle, leur fabrication est un temps fort pour Jean- Pierre Cartier : « C’est une fonction très importante. Les huiles servent de base à tous les sacrements. La contribution à cet acte est extraordinaire à mes yeux. » Confectionnées humblement, avec un grand cœur et des petites mains, ces huiles, « saintes » depuis la messe chrismale, deviennent alors signes sensibles de la grâce divine.

Marie-Charlotte Noulens

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